J'aurais tellement aimé jouer du piano

J'aurais tellement aimé jouer du piano
Glisser au fil des touches comme un bateau
Sur l'eau
Danser sur l'écume des jours
Et de l'amour, et de l'amour

J'aurais tellement aimé jouer Chopin
Avoir de la musique soir et matin
Plein les mains
Explorer de mes dix doigts le cœur et l'âme
Quel programme, quel programme Messieurs-Dames

La nuit, je rêve d'arpèges
La nuit, je rêve qu'il neige
En noir et blanc
La nuit, je rêve de gammes
Qui se lovent au cou des dames
Comme des diamants

J'aurais tellement aimé jouer du piano
Mais il faut que je retourne à mon boulot
Sans piano
Le monde s'écrit en noir et blanc
Évidemment
Évidemment

J'aurais tellement aimé jouer du piano
Glisser au fil des touches comme un bateau
Sur l'eau
Danser sur l'écume des jours
Et de l'amour, et de l'amour

Bleu-blanc-blues

J'ai rien contre la France, c'est un beau pays
Aussi beau que l'Irlande, la Chine ou l'Italie
Mais ce n'est pas parce que j'y suis né
Que c'est l'plus beau pays du monde entier

La patrie, non merci
La nation, sans façons
Ma patrie, c'est la vie
Mon pays, c'est le monde
Mon pays, c'est le monde

J'ai rien contre la France, rien contre les Français
Ils sont aussi malins qu'les Portugais
Mais c'est pas parce que j'aime bien mon voisin d'palier
Que ceux d'l'immeuble d'en face sont des enfoirés

La patrie, non merci
La nation, sans façons
Ma patrie, c'est la vie
Mon pays, c'est le monde
Mon pays, c'est le monde

J'ai rien contre la France, c'est l'pays des lumières
Lumières d'un jour, lumières toujours, lumières de l'univers
Mais il faut bien avouer qu'il y a souvent des plaintes
Car, la plupart du temps, elles sont éteintes

La patrie, non merci
La nation, sans façons
Ma patrie, c'est la vie
Mon pays, c'est le monde
Mon pays, c'est le monde

J'ai rien contre la France mais j'en suis pas fada
On n'est que des passagers, l'bateau ne nous appartient pas
A l'heure où refleurissent certaines malsaines idées
C'est p't'être pas inutile de le rappeler

La patrie, non merci
La nation, sans façons
Ma patrie, c'est la vie
Mon pays, c'est le monde
Mon pays, c'est le monde

Mon pays, c'est le monde  

Amoroso

Si des jamais et des toujours, j'en ai fait le tour
Pas des baisers, pas des je t'aime, non pas de l'amour
Si des serments on se dispense, reste toujours
Ce jour après jour qui fait l'amour
Ce jour après jour qui fait l'amour

Si les chagrins anciens reviennent encore parfois
Si l'existence n'est pas plus drôle qu'autrefois
Et si souvent le poids du monde nous ridiculise
Moi j'ai un arc-en-ciel en temps de crise
Tes bras, ton visage, tes lèvres
Ce je ne sais quoi qui me donne la fièvre

Et si de tendre on se nourrit, tu es le tendre
Et si d'espoir on se nourrit, tu es l'espoir

Le soleil perce les nuages, à la bonne heure
Il n'est jamais trop tard pour apprendre le bonheur
Que les années passent, cruelles, sur notre amour
Sans l'abîmer mais en le fortifiant toujours
Sans l'abîmer mais en le fortifiant toujours

Et si la mort nous rattrape un peu chaque jour
Elle peut bien se gratter pour avoir notre amour
Et si un fantôme vient la nuit t'embrasser
Ma belle, fais-lui une place à tes côtés
Ma belle, fais-lui une place à tes côtés

Si des jamais et des toujours, j'en ai fait le tour
Pas des baisers, pas des je t'aime, non pas de l'amour
Si des serments on se dispense, reste toujours
Ce jour après jour qui fait l'amour
Ce jour après jour qui fait l'amour

Tu m'manques

Y'a de la buée sur la vitre
Des trémolos dans le silence
Si dehors les arbres s'agitent
C'est pour souligner ton absence
Alors je dessine sur la vitre
Quelqu' chose qui r'ssemble à un soleil
Si la lumière est identique
Rien n'est plus tout à fait pareil

Tu m'manques
Tu m'manques

Y'a de la buée sur mon cœur
Y'a un fantôme dans le silence
Y'a comme la nuit bien avant l'heure
Y'a comme une trappe dans la danse
Alors je dessine sur mon cœur
Quelqu' chose qui r'ssemble à un sourire
Si ça donne un p'tit peu d'chaleur
C'est pas encore le grand fou rire

Tu m'manques
Tu m'manques

Y'a de la buée sur la vie
Et puis partout, y'a ton absence
Et tout est devenu si gris
Et tout est devenu silence
Alors je dessine sur la vie
Quelqu'chose qui r'ssemble à ta silhouette
Dedans j'y mets tout c'qu'on s'est dit
Il y a un siècle ou deux peut-être

Tu m'manques
Tu m'manques

Radeau

On ne sait jamais, il faut toujours lancer des signaux
C'est un mot que j'emprunte à Patrick Modiano
On ne sait jamais, il pourrait passer un bateau
On ne sait jamais, il faut toujours lancer des signaux

Mais on est en pleine mer et puis y'a du brouillard
C'est peu dire que c'est la galère, y'a aucun espoir

On ne sait jamais, il faut toujours lancer des signaux
C'est un mot que j'emprunte à Patrick Modiano
On ne sait jamais, il pourrait passer un bateau
On ne sait jamais, il faut toujours lancer des signaux

Tu sais bien qu'il ne passe jamais personne dans ce coin
Tu sais bien qu'on est seuls au monde et que la nuit vient

On ne sait jamais; il faut toujours lancer des signaux
C'est un mot que j'emprunte à Patrick Modiano
On ne sait jamais, il pourrait passer un bateau
On ne sait jamais, il faut toujours lancer des signaux

Mais j'ai faim, j'ai soif, j'ai froid, j'ai les pieds mouillés
Et j'ai qu'une envie, c'est de tout laisser tomber

On ne sait jamais, il faut toujours lancer des signaux
C'est un mot que j'emprunte à Patrick Modiano
On ne sait jamais, il pourrait passer un bateau
On ne sait jamais, il faut toujours lancer des signaux

Fluide

Fluide
Qu'il fait bon être fluide
Ami
Rien n'est vraiment solide
Rien n'est vraiment solide

Une table
Deux chaises
L'ami
Les ombres
De l'après- 
-midi
Le fleuve
Se prélasse
Dans son lit
Et la vie passe
On est bien
Ici

Fluide
Qu'il fait bon être fluide
Ami
Rien n'est vraiment solide
Rien n'est vraiment solide

Une table
Deux verres
L'ami
Les ombres
S'allongent
Tant pis
Si l'existence
Est un
Sursis
L'instant
C'est de l'in-
-fini

Fluide
Qu'il fait bon être fluide
Ami
Rien n'est vraiment solide
Rien n'est vraiment solide

Il faut bien vieillir

Tes tempes deviennent grises

Tes gestes sont moins vifs

C'est déjà l'automne

Y'a du nouveau sur ton visage

Ce sont des rides, tu fais ton âge

C'est pas grand-chose un homme

Il faut bien vieillir

Au moins un p'tit peu

Il faut bien vieillir

Au moins un p'tit peu

Pourtant, tout fonctionne encore

Mais, petit à petit, ton corps

Devient contestataire

Ce n'est plus ce serviteur

Toujours de bonne humeur

Il ne veut plus se taire

Il faut bien vieillir

Au moins un p'tit peu

Il faut bien vieillir

Au moins un p'tit peu

Et même tes idées, tes idées si sacrées

Il faut bien admettre qu'elles se sont nuancées

Officiellement, tu n'as rien abdiqué

Mais ça ne devrait plus tarder

Mais il faut bien vieillir

Au moins un p'tit peu

Il faut bien vieillir

Au moins un p'tit peu

C'est pas faute d'avoir trainé

C'est pas faute d'avoir freiné

Des pieds des mains

Mais si on te laisse jouer

Avec la p'tite aiguille, la grande...

On peut même pas lui parler

Il faut bien vieillir

Au moins un p'tit peu

Il faut bien vieillir

Au moins un p'tit peu

Mon vieux